top of page
Stylo à plume

Rencontre 15

Pour découvrir les textes, cliquez sur la rencontre de votre choix

Rencontre 15 19.11.2024

Rencontre 16 03.12.2024

Rencontre 17 17.12.2024

Rencontre 18 07.01.2025

Rencontre 19 21.01.2025 

Rencontre 20 04.02.2025

Rencontre 21 18.02.2025

Rencontre 22 04.03.2025

Rencontre 23 18.03.2025

Rencontre 24 01.04.2025

Rencontre 25 15.04.2025

Rencontre 26 29.04.2025

Rencontre 27 13.05.2025

Rencontre 28 27.05.2025

Rencontre 29 10.06.2025

Rencontre 30 24.06.2025

La difficulté, pour conter une histoire, ne vient pas du manque d'éléments, mais du choix des sujets.

Comme tout le monde le sait, une journée dure aujourd’hui 24 heures et quelques (temps rattrapé lors des années bissextiles).

Ce que l’on sait moins, c’est qu’au temps des dinosaures, les journées ne duraient que 23 heures car la terre tournait moins vite autour du soleil.

Ce sont les babyloniens qui on crée les standards que nous utilisons aujourd’hui.

Par la suite, l’Homme invente les horloges, les pendules jusqu’à la technologie d’aujourd’hui qui mesure de manière très précise le temps.

 

Il y a aussi l'hygiène de vie et les mesures destinées à préserver et à promouvoir la santé. Elle concerne essentiellement les choix de style de vie.

Ces choix sont adoptés du fait de leurs impacts positif sur son propre bien-être physique ou moral avec ses heures de repas, de travail, de jeux, de repos. Mais on se rend compte que ta vie est faite d’habitudes.

 

L'Histoire de la vie de famille d'une journée de femme est un quotidien souvent banal avec ses idées, ses priorités et son organisation.

Madame ne vous listera pas toute la charge qui s'impose à elle au cours des jours,  

Cependant, à titre d'exemple, elle a décidé de vous livrer sa journée de mardi, jour de l’atelier d’écriture.

Honnêtement, elle aurait pu prendre n'importe jour, car souvent ils se déroulent tous sous le même format.

Heureusement, il y a malgré tout des temps de repos, et tout comme moi, elle reste sensible à la vie comme elle est mais ça, c’est une autre histoire….

6H00 - Le réveil sonne ! Madame est éveillée aux rayons, éventée aux fraîcheurs, éveillée aux sons de sa pensée.

6H05 - Premier rappel de sonnerie.
6H10 - Deuxième rappel de sonnerie

 

Madame se lève, enfile ses chaussons disposés au pied du lit, se lève sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller Monsieur et file faire pipi.

La meilleure idée de tous les temps est de placer les toilettes juste en face de la chambre **si Vous souhaitez construire, prenez des notes, c'est important**.
 

6H20 - On ne dirait pas, mais ça prend du temps de faire pipi et d’enfiler sa robe de chambre.

Madame arrive dans la cuisine pour préparer le petit-déjeuner et s'installe devant son bol de thé et ses tartines en écoutant les informations faisant mine d'ignorer ce que fait sa petite famille avant d’être apte à coordonner ses pensées et ses mouvements

6H30 - L'escalier craque. Monsieur vient faire des bisous et prendre le petit-déjeuner moment sacré du matin, seules les mandibules font du bruit et la télévision, on se réveille en silence avant d’avoir droit au charivari.

6H50 – Madame met son bol et ses couverts dans le lave-vaisselle et direction la chambre et la salle de bains.

Vous noterez que Madame a fait un choix, elle préfère ranger la chambre avant de se laver... Choix définitivement et purement personnel !

 

7H00 - Maman est prête, c'est parti, on envoie la suite !
Monsieur prend la relève dans la salle de bains puis s’en va sur son lieu de travail. Madame est donc seule pour gérer le navire, 

Madame prépare les petits-déjeuners des quatre enfants.

 

7h 15 Madame, réveille sa progéniture avec des caresses puis les emmène vers les WC pour soulager les vessies et ensuite prendre le petit déjeuner

 

7H20 - Maman est avec tout le beau monde. Aller, on ne perd pas de temps, surtout pas de grain de sable...

Trop tard... Pilou1 vient de renverser son bol de chocolat au lait !!!

Vous comprendrez aisément qu’un enfant gesticule et qu’il veut prendre son temps. Serpillière et balais, ça tombe bien il n'y a rien d'autre à faire...

En même temps il faut gérer Pilou2 et Pilou3 qui doivent manger sans trop traîner et Pilou4, dans sa chaise haute qui s'impatiente et réclame son biberon.

 

7H30 Madame prépare pour les plus grands les trois goûters, les trois sacs et booste Pilou2 et Pilou3 pour qu'ils aillent se laver, se brosser les dents après Pilou1.
Pilou1 se prépare seul, Pilou2 met déjà ses chaussure et Pilou3 va faire pipi.

Pendant ce même temps, Madame vide le lave-vaisselle, le recharge et le lance.
 

7H40 – Madame coiffe Pilou2 et l'asperge de « marie rose » il y a des poux à l'école en ce moment...
Pilou3 se met à pleurer... Son pantalon, son caleçon et ses chaussettes sont trempés.

Son kiki est resté collé dans son caleçon, le pipi n'est pas parti dans les toilettes. 

Vilain pipi lui dit Madame pour le consoler en enfilant les manteaux aux Pilou 1et 2.

 

7H45 – Pilou1 et Pilou 2 sont prêts, devant la fenêtre et guettent l'arrivée du car.

Pilou 3 a de nouveaux vêtements, **pas de remerciements, c'est cadeau !**,

Pilou4 est enfin libéré de sa chaise haute et Madame le change et l’habille.


7H50 - Réglé comme un Coucou Suisse, le car arrive. Maman laisse Pilou4 sous l’œil aguerri de celui qui s’est fait dessus, saute dans ses baskets et emmène Pilou1 et Pilou2 au car.

Des bisous, un coucou par la vitre et elle repart rejoindre ses loupiots.

7H53 **très précisément** - Madame prépare sa popotte de midi en surveillant Pilou4.

Pilou3 met ses chaussures et son manteau et commence à descendre ses affaires dans la voiture.
Madame prépare Pilou4 puis se prépare. Pilou3 est prêt, il ne reste que le doudou de Pilou 4 à retrouver.

 

8h Madame va lancer le lave-linge. Fichu bouton tactile qui ne tacte plus rien du tout.... Madame s’égare en jurant.


8H05 – Madame installe les deux petits Pilou dans la voiture et s’installe au volant .
Oups, elle a oublié le sac de danse de Pilou3 !

Elle remonte à la maison, choppe le sac et le trouve trop léger. Normal, les affaires sont dans la machine à laver puisque la danse c'était hier, Lundi !!! 

En revanche jeudi, il ne faudra pas qu’elle oublie le sac de piscine de Pilou1.

Elle redescend et démarre en direction de chez la Nounou.

 

8H15- Devant chez Nounou, ça papote... l'autre Maman n'a-t-elle pas la même vie que Madame ?

Ça va ? Ça va.....Comme d'hab ? Comme d'hab...
Discussion des plus palpitantes.

Encore un grand mystère de l'histoire de l'humanité...

 

Madame prend Pilou4 son doudou, aide Pilou3 à sortir et à mettre son sac d’école sur le dos et dépose tout le petit monde sur le trottoir.


8H30 et quelques bisous plus tard – Madame part vers sa deuxième vie.

 

8H55 - Arrivée au lycée. Ce qui se passe au lycée, reste au lycée ou presque !
C'est parti pour 3H de cours. La récré ne servant qu'à faire des photocopies et à régler des problèmes,

 

Madame se posera pour la première fois de la journée qu'à la pause déjeuner de 12h30 à 13h30.

Un petit moment de récupération, un instant à soi si ses comparses ne viennent pas déranger ce temps de tranquillité.

13H30 - C'est reparti pour 3H de cours, la quatrième étant libérée pour cause de conseil de classe.

16H30 - Direction le conseil de classe. Madame a prévu un exposé sur la discipline. Il faut absolument qu'elle explique comment le mettre en pratique.

18H00 - Fin du conseil, Maman file récupérer le Drive au super marché et rentre récupérer les petits pilous. Monsieur à récupérer les grands à la descente du car.

19H00 – Madame arrive, son petit monde se met à l’aise, quelques échanges avec enfants et Monsieur avant de continuer.

19h 15 Madame décharge et range les courses.

Pendant ce temps Papa gère les Pilous **ils regardent la télé, épuisante la vie de Papa**.

19H30 - Les carottes sont rangées, les sacs sont vides... Madame refait des bisous et met ses petits pilous dans la salle de bains.

19h45 Madame installe ses pilous à table sous la surveillance de Papa. C'était prévu que Madame ne soupe pas avec les enfants car ce soir réunion.

Ce soir, il y a l'AG de l'association Aimer Lire. Madame fait partie du bureau, ce sont les élections et puis, malgré tout, au sein de l’association elle est heureuse.

21h Plein de bisous Madame repart en voiture.

 

21H30 – Madame rentre et soupe avec Monsieur. Avec la technologie incroyable que représente le SMS, entre deux parties de foot, Monsieur a mis la potée à chauffer pour pouvoir manger avec Madame.

22H00 – Monsieur retourne devant la télé et Madame après avoir nettoyé sa cuisine se pose devant son bureau pour corriger ses copies et comptabiliser les bulletins de l’A.G. ! Mais au moins elle est confortablement posée !

23H59 - Monsieur dort déjà, le dernier devoir est corrigé, le bulletin est rempli. Madame fait tourner une machine.

Être positive et politiquement correcte dans son travail demande une énorme concentration et un peu de frustration.

0h Madame va ENFIN se coucher, mais flâne un peu sur les réseaux pour se vider l'esprit.

Aller, dodo !!!

Analyse d’une journée féminine :

Laver la vaisselle, faire la lessive, étendre le linge, passer la serpillière, cuisiner, ranger, repasser, faire les courses, sortir les poubelles, faire les lits, s’occuper des plantes, des animaux,

Elever les enfants et distraire les enfants, travailler, s’occuper des anciens, du courrier, des factures, rester discrète et ne se plaindre jamais.

Ne pas oublier de trouver du temps pour soi, épilation, maquillage, sourcils impeccables, prendre soin de soi, sport, culture, sorties.

Être aimable, rester calme, pardonner, surmonter l’épreuve de la maladie, de l’accouchement etc… etc…

Je suis convaincue qu’il y a toujours quelque chose à apprendre d’un échange, merci de m’avoir lu et écouté, voilà la beauté de l’écriture et du partage.

Amaca

Jouons à Qui est qui ?

Le soleil brille ce matin sur Versailles, il débute sa longue journée, sans savoir quelles seront ses missions à accomplir. Je vous vois réfléchir, et bien non, ce n’est pas du Roi Soleil dont il s’agit ! Notre inconnu, pour le moment, n’a jamais refusé aucune mission, c’est toujours une surprise, bonne ou parfois mauvaise .Il observe ce qui se passe autour de lui, écoute les bruits, les chants des oiseaux et laisse le vent le frôler. Les nuages sont clairsemés et se déplacent avec langueur, jouant à cache-cache avec le soleil. Sur le chemin qui mène à l’école, il croise de petits bonhommes souriants, aux joues rebondies et aux cheveux blonds bouclés. De vrais petits angelots ! Espérons que plus tard, leur insouciance ne fera pas place à l’angoisse, si le harcèlement scolaire les rattrape ! Hélas, maîtriser ce fléau  n’est pas de son ressort ! Il va effectuer sa seule mission du matin. Hier soir, Antoine l’a supplié de venir assister à la réunion de ses amis viticulteurs, qui se tiendra dans le parc du Château, devant la célèbre fontaine de Bacchus. C’’est le début de l’automne. Ils veulent obtenir de l’Etat une aide financière pour palier à leur perte catastrophique de revenus, due à la pluie, suivi du gel du printemps. Dans les allées du Château, ce sont surtout des touristes, des chinois amateurs de bon vin, et d’autres en vacances pour quelques jours. Tous les soutiennent et les applaudissent. Tout se déroule dans le calme, puis, le silence revient, un Ange passe……et notre mystérieux inconnu, reprend sa route. Ce soir, il parlera avec Antoine, en privé. Il remonte les allées ombragées du Parc, traverse la roseraie aux parfums délicats et se sent apaisé, serein. Il est presque midi, certains touristes profitent des bancs pour manger leur sandwiches. D’autres  ont choisi les restaurants gastronomiques des environs. Il n’a pas d’autre mission en vue, alors il arpente les rues environnantes, mais pas d’agressivité en vue. Les fast-foods sont pris d’assauts par les travailleurs et  les étudiants pendant que les enfants déjeunent dans les cantines.  Pas question pour lui de s’enfermer, il a besoin de respirer et de toute façon, il n’a pas faim ! L’après-midi se passera sans heurt. En fin de journée, les gens courent, se bousculent dans les rues. Des farandoles colorées et incessantes se croisent, Il sursaute au bruit des klaxons des automobilistes pressés de rentre chez eux.  Des odeurs nauséabondes sortent des pots d’échappement, il craint que son habit blanc soit noirci par la pollution .Heureusement, lui, se déplace de façon écologique, sans émission de Carbone. C’est bon pour la planète, il le sait ! Vers 20h, il s’offre un petit moment de bonheur en passant devant la Cathédral Saint-Louis de Versailles, il franchit discrètement la lourde porte et se laisse bercer par les chants de Noël que la Choral répète pour la messe de minuit. Il reconnait : Il est né le divin enfant, Douce Nuit et surtout, son préféré, Les anges dans nos campagnes…. Il se laisse porter par les voix cristallines et angéliques des enfants de Chœur. Il ne dormira encore pas ce soir, car son Service d’aide à la personne est ouvert 24h sur 24 et tous les jours de l’année. C’est pour cela qu’Antoine, le vigneron a pu le contacter par sa prière tardive. Bientôt, il sera dans toutes les maisons, accroché au sapin ou pendant, sous forme de cheveux d’ange le long des branches. Je vous ai laissé pas mal d’indices, alors, qui est mon personnage mystérieux ? C’est l’ange Gabriel, bien évidement. Pourquoi pas Gabrielle, elle…

 

A vous de choisir et de réécrire mon texte au féminin.

Merci à vous d’avoir écouté ma voix, angélique, ou pas !!!

 

Fermez les yeux, imaginez des fleurs blanches délicatement odorantes et rêvez un peu, alors peut être verrez–vous passer….

Un Ange....

Angu

Paul a été marié mais depuis le décès de sa femme, il y a une dizaine d’années, il s’est organisé une vie bien remplie qui le satisfait pleinement.

 

Tôt le matin il resterait volontiers au lit pour écouter les informations à son radio-réveil mais les miaulements déchirants de son chat à la porte de sa chambre l’obligent à se lever. Et c’est tout en grommelant  qu’il remplit l’écuelle de Mistigri et  qu’il boit un premier café dont l’arôme le remet en forme.

 

Peu après il troque ses charentaises pour ses sabots afin d’aller voir si son jardin lui a réservé de divines surprises pendant la nuit !Lui l’intellect patenté qui n’a jamais su planter un clou et encore moins déboucher un lavabo ,s’est pris ,à la retraite, de passion pour le jardinage! Il s’est procuré le tout dernier outillage  nécessaire, abonné à tout ce qui paraît sur les techniques bios d’élimination des maladies et des parasites des cultures. En compagnie de son chat il fait le tour du jardin, arrachant une mauvaise herbe par ci, une fleur fanée par-là, redressant un plant de tomates, humant le parfum de la dernière rose éclose et enfin s’émerveillant sur la floraison de ses petits pois….

 

Revenu à la maison après un solide petit déjeuner, une douche à l’eau froide (çà vous conserve un homme) sa tenue vestimentaire n’est pas un problème pour lui ! Un pantalon de velours côtelé et une chemise à carreaux en pilou feront l’affaire. La chemise unie et le costume avec ses insignes seront de sortie pour les grandes occasions (une  inauguration, un discours sur la laïcité)

 

Le voilà  parti pour une matinée de réunions et d’associations. Sa participation très remarquée, au temps de sa jeunesse, aux manifestations  de mai 68 lui a fait une solide réputation politique ! Il appartient à tout ce qui bouge dans la commune et même dans le canton sans oublier son appartenance à une ONG nationale de solidarité internationale dont il a été un président très actif.

 

Il ne rentre pas, la plupart du temps, manger à midi car c’est un plaisir de continuer les discussions, soit devant un bon repas au restaurant, soit devant un manchon entre copains. Ce n’est pas très indiqué pour son embonpoint ou son cholestérol mais qu’importe !

 

Il a toujours 2 ou 3 projets sur le feu qui nécessitent, les après-midis, soit un rendez-vous avec un élu pour obtenir une subvention, soit une concertation avec des intervenants.

 

Pendant ce temps, plusieurs fois par semaine, il a une dame du village qui vient en son absence (il ne supporte pas le bruit de l’aspirateur ni celui des casseroles) faire le ménage (sans toucher à son bureau), des lessives, remplir le frigo et préparer quelques plats pour les soirs.

 

Enfin rentré chez lui il consacre le temps restant à son jardin, évacuant les contrariétés de la journée ou le trop plein d’activités cérébrales,  en binant, sarclant, plantant et surtout arrosant. Si quelque ami est de passage  il l’invite à parcourir son jardin, fier de ses récoltes il en donnera généreusement.

 

Après un rapide repas vite avalé c’est le moment des coups de téléphone plus ou moins lointains car il a gardé  des amitiés à l’étranger en particulier en Moldavie où l’inquiétude règne ! Il prend le temps de lire les journaux, son chat lové sur ses genoux, de somnoler devant la télévision car la journée a été bien chargée. Enfin il va tomber dans son lit  pour un repos bien mérité !

Crira

Elle est sénégalaise …  Elle n’aime pas la couleur de sa peau …

Elle s’appelle Fatou …  Elle n’aime pas son prénom …

Ses longs cheveux noirs sont crépus … Elle n’aime pas ses cheveux crépus …

 

Il y a 6 mois, lorsque sa sœur aînée lui a proposé de venir en France, exactement à Lyon, pour chercher du travail, Fatou n’a pas hésité ! Sa sœur pourrait l’héberger ...

C’était la première fois, qu’elle quittait ses parents, ses cinq frères et sœurs et son village ! Ce voyage, quelle aventure pour elle … Elle en avait tant rêvé, surtout, depuis que la ‘’ grande ‘’ avait osé !

 

Rapidement, elle a trouvé un emploi de femme à tout faire, dans un restaurant de  la presqu’île.

 

Voici la longue journée de cette jeune femme …

 

5 heures, la sonnerie du réveil, l’oblige a sortir de son lit…

A pas feutrés, elle se dirige vers la cuisine, prépare un léger petit déjeuner qu’elle avale en restant debout, le dos appuyé contre l’évier. Elle file dans la salle de bain où là, elle prend grand soin à sa toilette surtout de ses longs cheveux noirs crépus ...

 

6 heures 30, elle se trouve dans le bus qui va la déposer juste en face du restaurant.   

 

7 heures 05, elle passe le porche du couloir qui mène dans le vestiaire du personnel. Trois de ses collègues devisent gaiement et l’accueil amicalement !

Fatou troque son manteau contre une longue blouse marron   bof, pas très à son goût …

 

Elle doit s’occuper du dressage des tables.

Sur les nappes à carreaux rouges et blancs, elle dresse les couverts, les verres, les serviettes en intercalant une rouge, une blanche … Une exigence de la patronne !  Fatou trouve cela amusant … Tous les matins, la fleuriste apporte des fleurs fraîches et Fatou forme avec délicatesse, des bouquets en parfaite harmonie. Sa patronne et même ses collègues ne manquent pas de la féliciter ! Comme elle et fière !

 

10 heures 30, tout est en place .Elle a droit à 45 minutes de pause.  Elle s’installe sur un petit fauteuil qui se trouve dans les vestiaires, ferme les yeux et … s’envole à Massar, son village, tout près de Dakar … Elle revoit ses chers parents, sa petite tribu…  ses amis qui l’ont tant enviée lorsqu’elle est partie ! Comme tous, lui manquent.  Elle soupire en pensant à la vie ici et à celle, là-bas. Elle mesure la différence entre la pauvreté et l’opulence. Elle se rassure en se disant, là-bas, il ne connaisse que cette façon de vivre, ils ne doivent pas être malheureux !  Malgré tout, elle ressent de la tristesse.

 

11 heures 15, elle retourne au vestiaire, elle doit se changer pour le service.

Elle passe la petite robe noire, ajuste le tablier blanc dont le volant est fait de dentelle, et cela, elle adore !

 

Elle se fabrique un savant chignon afin de ramasser tous ses longs cheveux crépus !

 

12 heures, les premiers clients arrivent.

La salle du restaurant se remplie peu à peu, la patronne affiche ‘’ complet’’ sur la porte.

Le ballet du service est incessant jusqu’à 16 heures.

 

Puis, le travail reprend de plus belle, il n’y a pas de temps à perdre.  Tout doit être rangé, nettoyé, tables dressées pour, à nouveau, recevoir la clientèle.

 

18 heures Fatou et ses amis, font la petite pose à laquelle ils ont droit, et se retrouvent dans la courette du bâtiment.

Ils veulent tout connaître sur son pays, sa région, son village, sur l’éducation et bien sûr , la nourriture … Même sur les arbres, les fleurs ...

Harcelée de questions, elle raconte… raconte … avec un plaisir infini.  Chaque jour un nouveau chapitre s’ouvre !

 

19 heures, le restaurant est prêt pour recevoir les gourmets…

 

23 heures 30, le rideau se baisse, la longue journée de travail pour Fatou et ses amis se termine.  Elle attrape le bus au vol, remonte le col de son manteau, la tête appuyée contre la fenêtre, reprend son voyage vers Massard ... l

 

Minuit, elle tourne la clé dans la serrure de la porte de l’appartement de sa sœur aînée ...

Delan

C’est une femme ordinaire ! C’est une quinqua ! Elle n’a jamais eu d’enfant, pas qu’elle n’ait pas voulu, mais la nature ne l’a pas permis. Elle y pense quelquefois, et ressent un vide certain.

Sa journée, commence de bonne heure, d’ailleurs elle dort peu, son organisme lui permet de se sentir reposée après trois ou quatre heures de sommeil. Elle aime travailler quelques dossiers avant de prendre son petit déjeuner avec son conjoint, elle ne le revoit que en soirée sauf si il l’accompagne à un déplacement où sa présence est possible et autorisée. Elle lui parle peu de sa fonction, quand ils sont ensembles ils devisent d’autres choses, de son travail à lui ou des livres qu’ils ont pu lire. Avant le breakfast, elle est passée entre les mains expertes de la coiffeuse et de la maquilleuse. Un  brushing et un léger fond de teint lui permettront de rester fraiche toute la journée.

Vers neuf heures, le chauffeur vient la chercher. La limousine haut de gamme est le véhicule de fonction, elle aime bien ce nouveau modèle, il est plus spacieux, le cuir des sièges est plus souple et plus confortable.

Le matin elle travaille ses dossiers. Elle a perpétué la tradition, elle a aussi choisi Le salon Doré de cet ancien hôtel privé pour travailler et recevoir, comme ses prédécesseurs dans la fonction qu’elle assume. Pour décorer les  murs elle a fait  ses choix parmi les collections du Mobilier National, elle apprécie les œuvres contemporaines, et a sélectionné les artistes Pierre Soulage et Alicia Penalba.

A midi elle déjeune sur place. C’est un chef étoilé qui a la responsabilité de la préparation des repas. Elle aime bien manger, les différences de texture et de goût sont importantes pour elle, et à son âge elle sait que le moindre écart peut rapidement avoir des répercutions  sur son poids et sa silhouette, elle a demandé au cuisinier de faire un effort  sur l’aspect nutritionnel et les apports caloriques des plats qu’il propose.

Ses collaborateurs les plus proches affectionnent de travailler avec elle, son sens de l’écoute est unanimement reconnu. Le bureau est facilement ouvert si  quelqu’un veut la rencontrer.

Aujourd’hui est une journée particulière, à son agenda elle a programmé plusieurs rendez-vous, des diplomates, des représentants des ONG, les différents partis politiques qui siègent à l’assemblée nationale, et bien qu’elle ne les apprécie pas spécialement, les militaires seront aussi entendus. Tous auront trente minutes pour exprimer leurs positions sur la situation actuelle et leurs points de vue pour résoudre le conflit.

Cet après-midi à seize heures, elle a convoqué l’ambassadeur de ce pays du moyen orient. Elle connait bien cet homme, elle l’a rencontré la première fois il y a trente ans, alors qu’elle-même était responsable de la diplomatie française à Stockholm. Elle veut que la France face entendre sa voix sur la scène internationale, pour elle la situation est insupportable, il faut que le génocide dans cette partie du monde, où est né notre civilisation, cesse. Les peuples n’ont que trop souffert.

Cette femme se nomme Emmanuelle Arcon, elle est présidente de la république Française.

Derou

La voix mâle et sirupeuse d’Eddy Mitchell a envahi la chambre de Paul Monnier, „sur le siège avant le chauffeur buvait de la bière en regardant l’heure…..pour une fois les flics ont gagné vers chez toi je ne fais que passer… sur la route de Memphis... Paul achève de se réveiller en écoutant la fin de la chanson. Le radio-réveil affiche 05.59. L’animatrice Loriane enchaine et souhaite „une très, très bonne journée à nos très, très chers amis auditeurs, un bon anniversaire pour ses 82 ans à Monsieur Claude Lucien Moine, dit Schmoll dit Eddy Mitchell qui nous accompagnera tout au long de cette belle journée d’été, puis enchaine avec la météo de ce mercredi 3 Juillet 2024, jour de la Saint Thomas, et si vous prenez la route soyez prudents“, puis elle lance  sa consœur Léa et son collègue Alexis pour le premier journal du matin de ce jour.

Dans son lit Paul a repris le fil de sa vie. Aujourd’hui, il ne prendra pas la route de Memphis, mais la Route Napoléon direction Grasse, où il va récupérer ses deux fils chez leurs grands-parents paternels.

Paul a trente-huit ans, ingénieur en mécanique des fluides, il vit à Chassieu, près de Lyon en couple avec Sylvie, une jeune dentiste, depuis une dizaine d’années; ils sont parents de jumeaux adorablement turbulents et dynamiques de cinq ans, Théo et Martin. Il y a quelques semaines, Sylvie s’est cassé la talon gauche en chutant sur un escalier lors d’une promenade dans les traboules en compagnie d’amis étrangers à qui elle servait de guide. Quelques semaines de plâtre plus tard, elle s’est vue prescrire quinze jours de rééducation et de calme au Centre de soins de suite de Giens. Les enfants ont donc en l’absence de leur mère profitée de deux semaines de congés d’été anticipés, une absence peu préjudiciable en dernière section de maternelle. Ce mercredi 3 Juillet, il va donc chercher ses enfants chez leurs grands-parents, et demain, ils rentreront tous les quatre après avoir libéré Sylvie de son centre de rééducation.

Ainsi Paul a une grosse mais agréable journée devant lui. En ce jour de milieu de semaine, il ne prendra pas l’autoroute. Il évitera ainsi les caravanes, camping-cars et remorques bateaux de touristes de toute l’Europe du Nord et les poids lourds pressés. Par la nationale, le trajet Lyon-Grasse est pour Paul un véritable plaisir empreint de nostalgie, un pèlerinage en quelque sorte. Du plus loin qu’il se souvienne, il descendait avec ses parents et ses frères, passer toutes les vacances dans le vieux mas familial, via cette mythique route empruntée par leur illustre prédécesseur et sa troupe, remontant de Golfe-Juan à Grenoble en 1815, au retour de l’Ile d’Elbe pour reconquérir le pouvoir. Cette route qu’il connait par cœur et où il a ses habitudes. Il pense avoir un souvenir à chaque virage et dans le moindre village.

Paul saute du lit et file d’un pas décidé prendre sa douche; il est très fier de sa salle de bains. Il a profité de l’absence de Sylvie et de leurs deux petits monstres, pour en finir avec la pose des faïences murales et les reprises de peinture suite à l’installation d’une douche à l’italienne plus moderne que l’antique baignoire initiale, aux vacances de Printemps. Depuis lors trois mois se sont écoulés et il n’avait trouvé le courage de se remettre à l’ouvrage pour terminer les finitions, au grand dam de Sylvie qui ne manquait jamais une occasion de lui en faire grief d’une petite remarque acidulée. Voilà qui est fait. Il pense que la surprise lui fera plaisir…

La douche expédiée, il termine le ménage de la salle de bains, fait son lit, met deux caleçons, deux polos, un maillot de bains , une paire de tongs  et son nécessaire de toilette, dans son petit sac de voyage en cuir noir, son vieux sac d’étudiant, quand il quittait ses parents pour sa chambre en cité U. A six heures trente, il est donc assis à la table de cuisine, devant son grand bol de café noir, à son nom, acheté à la faïencerie de Pornic, lors d’un récent périple en Bretagne. Il a devant lui, la liste pense-bête des choses et actions qui vont rythmer sa journée. Il envisage un départ vers 9 heures au plus tard ce matin. Il arrivera ainsi, vers 18heures, tout en se ménageant quelques temps de détente en cours de route. Paul n’est pas un adepte des voyages éclair d’une seule traite style forçat de la route.

Mais avant de partir, il lui reste à mettre un peu d’ordre dans la maison. Durant les deux semaines d’absence de Sylvie, il s’est un peu laissé aller à ses anciennes manies de vieux garçon. Quelques BD gisent hors de la bibliothèque, quelques CD sont hors de leurs casiers, sur la table du salon traînent les télécommandes de la chaine stéréo et de la télévision, quelques papiers de bonbons et peaux d’oranges encombrent le cendrier, les coussins sont un peu écrasés sur les canapés, le lave-vaisselle doit être vidé.

Ce petit lifting terminé, il est 7 heures. Paul est prêt à partir au marché, faire un petit réassort de fruits, de légumes et de produits frais pour nourrir sa famille au retour. En effet, en leur absence il a vécu sur le stock existant, les petits plats préparés et congelés par Sylvie et quelques livraisons de pizzas ou sushis en cas de grosse flemme. Un quart d’heure plus tard, il achète deux croissants à la boulangerie en cas de petit creux, et chez le charcutier un assortiment de sabaudet, saucisson broché, rosette, quenelles, andouillettes à la ficelle, cervelas..., pour son père, toutes denrées difficiles à trouver dès qu’on s’éloigne de Lyon. Il s’arrête enfin à la station-service pour faire le plein de gas-oil du grand break Renault familial. A huit heures, il rentre à la maison, décharge ses courses, range les produits qui resteront au cellier et dans le réfrigérateur, et ceux destinés à son père, dans un sac isotherme garni de pains de glace. Il fait un détour par la cave et récupère une caisse de six bouteilles de Saint-Amour et celle de douze bouteilles de Saint-Joseph Clos Chapoutier, son père étant un peu las des vins du Var moins à son goût.

Ca y est!!! Il est fin prêt pour le départ. Un coup d’œil à la pendule de la cuisine en forme de casserole en cuivre, il est 8 heures 37 minutes. Tout en se félicitant de son efficacité redoutable, il se rassure d’un coup d’œil sur sa liste, enclenche l’alarme, ferme la porte d’entrée de la maison, non sans en avoir préalablement fait le tour à la recherche d’une fenêtre ou issue mal fermée.

Paul s’installe au volant, direction l’A43 jusqu’à Grenoble avant d’accéder à la Route Napoléon. Une heure et demie plus tard, il s’arrête au Col de Lus la Croix Haute sur le parking de „la Taverne de Jocou“ au milieu des prairies fleuries plantées en bord de route; Il commande un grand café crème et sort ses croissants, assis à une table de pique-nique au soleil. Pour se distraire, il feuillette un journal local, édité par le Syndicat d’Initiative du Pays Diois, qui détaille l’ensemble des évènements culturels et festifs de la saison d’été 2024, abandonné sur la table. Avant de repartir, un petit coup de téléphone à Sylvie, entre deux soins, pour s’assurer qu’elle sera prête pour sortir demain et trois bisous plus tard, après cette pause roborative il reprend le chemin du Sud.

La radio diffuse une playlist de chansons de variété française et étrangère. Les petits villages et petites villes défilent… La plaine succède à la montagne. La route emprunte les fonds de vallées, puis les cluses, épousant le tracé des cours d’eau et du chemin de fer. Défilent ainsi, Serres et son église du 11ème siècle, Aspres sur Buech et sa Tour Horloge, Laragne et les Gorges de la Méouge… Il est 12 heures14, lorsque le téléphone sonne. La radio de bord s’efface. C’est Jacques, l’un des meilleurs amis de Paul et son partenaire attitré en double au tennis. Il sait Paul seul depuis quelques jours et se propose de l’inviter un de ces soirs pour un barbecue avec quelques copains du club de foot local. Paul le remercie sincèrement pour sa gentille invitation mais l’informe qu’il ne sera pas libre. Il retrouve sa famille ce soir, mais ce n’est que partie remise puisque, l’été ne fait que commencer. Paul raccroche et retrouve Eddy Mitchell chantant „Pas de Boogie-Woogie avant la prière du soir…“

Il est treize heures à Sisteron, lorsque Paul gare sa voiture sur la place face à la Tour de la Médisance et à l’Hôtel- restaurant du Cours. Depuis déjà trente ans, il se souvient y faire étape, trois ou quatre fois par an. Ils y déjeunent le plus souvent d’une souris d’agneau au thym et au miel accompagnée de figues violettes et de petits artichauts à la barigoule et d’une tarte ou un sorbet à la lavande de Valensole, spécialités de la maison. Alors qu’il demande à la note et un café à la jeune serveuse, il a la surprise de voir arriver Josiane la patronne et Albert son mari et chef de cuisine, qui viennent le saluer, mais surtout lui offrir son repas en guise d’adieu. Ils informent Paul, qu’après ternte ans, ils ont vendu leur affaire et s’apprêtent à partir pour une retraite bien méritée. Un peu ému, Paul décline le verre de grappa que lui propose Albert car il reprend la route. Albert lui offre alors, un bocal de pâté de grive aux baies de genièvre de sa fabrication, en remerciement pour sa fidélité et celle de ses parents.

Paul retrouve sa voiture, ouvre son coffre pour ranger la terrine de grive dans la glacière. C’est alors, qu’il est abordé par une jeune fille et son compagnon, qui lui demandent à l’unisson s’il va vers le Sud  et peut les convoyer jusqu’à Castellane. La jeune fille arguant ingénument, que son grand coffre quasiment vide est tout à fait approprié pour accueillir leurs deux gros sacs à dos, amusé par les propos de la jeune fille, Paul accepte, heureux de partager la petite centaine de kilomètres à venir en compagnie de deux jeunes gens à l’allure sympathique. Tous les trois s’installent dans la voiture. En chemin, ils font plus ample connaissance. Noémie et Arthur, sont âgés de vingt et un ans, et se sont connus au CREPS de Lyon, où ils se spécialisent dans les métiers du sport, depuis deux années. Ils rejoignent le Centre nautique de la Plage de Chéron en bordure du lac de Castillon, embauchés pour la saison d’été  jusqu’au quinze septembre, Noémie comme animatrice responsable de la base voile et Alexis comme maître-nageur surveillant de baignade. Ces deux mois et demi de travail amélioreront sensiblement l’ordinaire du jeune couple pour toute l’année universitaire à venir. Arrivés à Castellane, Paul les dépose à bon port, vers 15 heures 30 sur la Place du Marché. Il avise la boutique de produits régionaux où il achète pour sa mère, une boite de macarons pistache et fruits rouges, - sa petite fantaisie dit-elle -, des carrés d’agneau mis sous vide à la ferme ainsi que des fromages de chèvre qui remonteront sur Chassieu demain. Une étape plus tard, Paul arrive en vue de Saint Vallier du Thiez, dernier village avant Grasse. Son voyage touche à sa fin sans encombre. Il a bien mérité un rafraîchissement sur la terrasse à l’ombre des platanes à l’entrée du village. Paul sirote lentement sa bière en profitant de ces ultimes moments de calme. Il est heureux de retrouver Théo et Martin, mais un peu inquiet quand même, d’être assailli par les „tu sais papa“ les „tu ne sais pas papa“ les patati et patata“ de chacun des membres de la famille heureux de le retrouver.

Paul se lève et une petite demi-heure plus tard, il s’engage dans le chemin des Bastides. Il est accueilli par les cris de  joie des enfants en maillots de bain, et les aboiements de Zao, le bichon de sa mère. Les enfants l’entrainent vers la piscine à l’arrière du mas, où sa mère a déjà préparé les rafraîchissements dans son service à orangeade en faïence émaillée signé Capron, tout droit venu de Vallauris. Comme toujours les retrouvailles avec ses parents sont heureuses, chaleureuses  et émouvantes. Les nouvelles sont bonnes…Les oncles, tantes et cousins se portent bien….Les enfants ne se sont pas ennuyés. Ils ont tous les deux progressé en natation et sont très fiers d’avoir pu rallier le petit ponton escorté de leurs cousins adolescents, munis de brassards percés et donc dégonflés. Un soir, ces mêmes cousins et leur père les ont initiés à bord de leur petit bateau, à la pèche à la palangrotte. A bord du même bateau ils sont tous partis pique-niquer et visiter les îles de Lérins en baie de Cannes et le fort Sainte-Marguerite qui aurait abrité en cellule, selon la légende, l’Homme au Masque de fer, grand pourfendeur de la Monarchie. Quelques jours plus tôt, ils étaient allés participer au défilé de la fête aux ânes à Escragnole dans l’arrière-pays grassois.... Bref, ils ne se sont pas languis de leurs parents. Leur teint halé et leur crinière blonde décolorée par le soleil en témoignent. Quant à eux, les parents de Paul le rassurent sur leur santé. Les petits maux d’hiver qui les tracassent lorsqu’ils sont à Lyon dans leur petit pied à terre de la Guillotière disparaissent comme par magie, dès qu’ils rejoignent les rivages de la Grande Bleue si chère à leur cœur.

Il est près de 20 heures. La maman de Paul s’inquiète. A quelle heure devez-vous partir demain matin?  Les enfants n’ont pas fait la sieste cet après-midi! Tu n’oublieras pas de reprendre les sièges auto? Sans attendre la réponse à ses questions, elle part chercher le repas qu’elle a préparé d’avance. Un repas froid, idéal pour un en-cas en bord de piscine, beignets de fleurs de courgette, pissaladière, petits farcis, le tout accompagné d’une salade de mesclun, et en dessert un cake soufflé à l’anis. En bref, défilent sur la table les plats préférés de l’enfance de Paul.

Le repas terminé, Théo et Martin entrainent leur père pour le coucher et le rituel de la lecture de l’histoire, un indispensable préalable à tout endormissement. Heureusement que Paul est arrivé. Mamie ne sait pas faire la voix de Dark Vador et Papy ne connaît pas les histoires des Mignons. Bien que fatigué par sa longue journée Paul s’exécute. Ses deux petits gones lui ont manqué !!! Une fois les enfants endormis, Paul rejoint son père et sa mère au bord de la piscine. Il a récupéré son maillot de bains dans son sac et compte bien profiter de la fraîcheur de l’eau à la nuit tombée. Après deux heures de discussions à bâtons rompus ses parents prennent congé pour la nuit.

Paul appelle Sylvie, lui souhaite une bonne nuit. Elle le rassure. Tout est prêt pour sa sortie demain matin dès dix heures et le retour à la maison auprès des siens.

Paul peut enfin profiter du bain, de la chaleur de la nuit d’été, et de l’odeur des pins qui se mêle à celle des jasmins de la terrasse. La nuit est tombée, les cigales se sont tues. Il fait encore 23°. Il n’y a pas de vent. Il est bien. Il profite et goutte la vie. Il sort de la piscine, verrouille la sécurité enfants, et s’étend de tout son long sur la balancelle pour rêvasser un moment. Il allume en sourdine le transistor sur lequel son père écoute les informations sur la terrasse à l’heure des repas. Eddy Mitchell susurre „ ...je n’aime que toi...je n’aime que toi...un poète le dirait bien mieux que moi …. Ses paupières sont lourdes, très lourdes. Paul s’endort là dans la balancelle. Sa maman a préparé la chambre d’amis pour rien.

Avant de sombrer, il a réglé la sonnerie du réveil de son téléphone sur 6 heures. Une nouvelle journée pourra alors commencer pour Paul.

 

Quel artiste fêtera son anniversaire ce jour-là?

Diroc

Dans la chambre où Jean-Louis dort d’un sommeil profond, le réveil retentit, il est 5 h, et aussitôt il se lève, le sourire aux lèvres, heureux d’avoir bien dormi, Il va vers la fenêtre, ouvre les volets et admire les montagnes face à lui, c’est un lever de soleil rougeoyant, le ciel est clair, la journée sera belle.

 

Jean Louis allume  la radio, sur un air d’accordéon qui lui donne du tonus, il met en route son café et pendant ce temps passe à la salle de bains. Une fois la toilette faite, rasé de près et parfumé, il avale sa tasse de café.

 

Jean Louis est facteur dans un petit village des Alpes, depuis 5 ans déjà, il connaît chaque habitant, il est le confident de leurs problèmes familiaux et tous sont heureux de son passage. Il s’habille chaudement et enfourche son vélo, la poste se trouve à 7 km et c’est tranquille qu’il pédale sur cette petite route très ombragée qui sent bon la rosée matinale.

 

Arrivé sur son lieu de travail, il est seul, l’employée de guichet Mademoiselle Marguerite arrivera plus tard, espérons qu’elle soit de bonne humeur, car avant d’entreprendre sa tournée, chaque matin, un moment est réservé à échanger tous les deux.

 

Le sac postal a déjà été déposé et notre facteur zélé se met au tri des correspondances, des factures, des publicités,,,, Une lettre entourée de noir attire son attention, adressée à Madame Martin. Que va-t-il lui dire ? C’est sûrement le décès qu’elle attend de son frère aîné qui habite si loin et qu’elle n’a pas revu depuis des années. Mais heureusement, une belle enveloppe rose, bien décorée, pointe son nez, adressée à Mr et Mme Petit, c’est évidemment l’annonce de la naissance de leur arrière petit fils. Que du bonheur ! C’est prévu, dans quelques jours ils vont descendre chez leur fille pour accueillir cet enfant si attendu.

 

Un petit bruit, c’est le pas léger de Marguerite. « Bonjour Jean Louis tu as bien dormi ?

Moi j’ai fais un rêve bizarre, nous étions partis faire du ski dans la station là-haut ! »

- Pourquoi bizarre, si tu veux nous pourrions envisager une journée dans la neige,

- Mais je ne sais pas skier, j’ai peur !

- Pas de problème, je veux bien t’apprendre !

- Et bien, on en reparle. Ce matin je suis un peu en retard, il faut que je prépare ma caisse et comptabilise les planches de timbres que je viens de recevoir.

 

Dring ! Dring ! C’est le premier client, il est temps que Jean Louis, sa sacoche bien organisée, parte à la rencontre de toutes ces personnes qui l’attendent.

 

Son vélo à la main, il dépose le courrier du boulanger, ça sent bon les croissants et comme chaque matin sa viennoiserie lui est réservée « Merci, Mr Durand, passez une bonne journée, aujourd’hui, je n’ai pas de facture ! »

 

 

Traversant la place du village, c’est le vieux Joseph appuyé sur sa canne qui vient à sa rencontre, il attend en vain des nouvelles de ses enfants. « Bonjour Joseph vous allez bien, mais non je n’ai rien pour vous, vous savez en ville c’est tellement spide, ils n’ont pas le temps d’écrire, mais comme on dit, pas de nouvelle, bonne nouvelle. Portez-vous bien, à demain »

 

Et ainsi de suite, la tournée se fait, avec un petit mot pour chacun.

 

13 h sonne à l’horloge de la mairie, Jean Louis a terminé son travail et à califourchon sur son vélo rentre chez lui déjeuner.

 

Pour son repas du saucisson de la ferme à coté, des œufs frais de ses poules en omelette et du bon fromage frais, il avait très faim et le tout avalé, la sieste sera la bienvenue. Les poules au fond du jardin, attendront son réveil pour être ravitaillées.

 

17 h  le soleil se cache derrière quelques nuages, Jean Louis se dirige dans son jardin ramasser quelques légumes pour la soupe ce soir et peut-être les 3 œufs quotidiens . La tâche accomplie il se met à l’ordinateur, demain il proposera à Marguerite une escapade dans la neige. Il faut trouver une documentation alléchante, qui plaise à la belle jeune fille. Il aimerait bien lui déclarer sa flamme, ce sera peut-être le moment !

 

Un dossier bien ficelé dans sa sacoche, il dîne seul devant son assiette, en pensant si Marguerite était là....

 

A la télé, rien d’intéressant, et demain notre facteur se lève tôt, alors, au dodo, plein d’espoir et de rêves dans sa tête .

Nibel

Le jour se lève. Sa nuit est finie.

Elle a laissé les volets ouverts pour que l’aube, son amie, vienne dans sa chambre et fasse renaitre les objets qui l’entourent.

Son cher piano émerge de la nuit. Que de joie elle a eu avec lui, lorsque sous ses doigts, encore agiles, jaillissait sa musique. Elle s’envolait avec elle. Elle se sentait invincible.

A côté son bureau, elle se revoit décachetant la lettre du conservatoire et ressent, à nouveau, tout se bonheur l’envahir lorsqu’elle lit qu’elle est acceptée.

Elle s’étire doucement et quitte, avec peine et regret, son lit. Elle a un peu dormi. Elle va à la fenêtre et regarde la campagne, encore une fois.

Une pluie fine et légère mouille les arbres de son jardin.

Soudain une envie folle de sentir, encore une fois, la pluie sur son corps, la force à sortir. Elle frissonne sous les assauts de l’averse et tend son visage vers le ciel.

 Ses larmes se mêlent à la pluie, il lui semble entendre le docteur lui assener ses sempiternels conseils : « Faites attention. Ne prenez pas froid. Vos défenses sont faibles. »

De rage, elle ouvre grand sa gorge et respire avec force. Elle n’en n’a que faire si elle s’enrhume.

Mais elle a oublié qu’elle ne peut plus se permettre ces abus. Ses poumons refusent cet afflux d’air. Une douleur violente traverse sa poitrine. Vaincue, elle rentre en titubant.

 

L’eau chaude de la douche l’apaise, la douleur se calme.

Une envie de café brulant la saisie. Mon dieu comme elle aime cette odeur chaleureuse, qui lui chatouille les narines, cette couleur noire et mousseuse, prémisse d’un moment agréable.

Mais elle a oublié que, depuis quelques mois, son odorat et ses papilles ne sont plus d’accord. Au lieu de se régaler, un affreux gout de fer tapisse sa gorge et, avec regret, elle repousse sa tasse.

La maladie l’envahit et lui vole tous ses petits bonheurs.

Un rayon doré de soleil apparait, la pluie s’est sauvée, après lui avoir joué son vilain tour.

Elle est heureuse, dans la même journée elle aura eu la joie de sentir, encore une fois, la fraicheur de la pluie et la chaleur du soleil.

Elle s’installe dans un transat et se laisse caresser par les rayons de son ami.

Elle savoure cette détente. Son dernier matin s’enfuit en douceur.

Le taxi est là.

Elle est prête.

Le chauffeur l’installe confortablement. La route va être longue.

Il se présente : « Je suis Frantz et serai votre compagnon de voyage jusqu’à Bruxelles. Je suis là pour vous rendre le plus humainement possible ce parcours. »

Elle le trouve prévenant, puis comprend, qu’il a l’habitude de ce genre de voyage. Cela la rassure, elle pourra profiter, pour la dernière fois, en toute sérénité, de son dernier voyage. L’après–midi s’écoule doucement.  Franz a quitté l’autoroute et chemine sur des routes de campagne. Il a compris sa soif de tout voir, encore une fois, la beauté de la nature et de sentir toutes ses odeurs. Elle se gave de toutes ces couleurs, hume avec délice, tous ces parfums. Elle est en paix.

Elle ne comprend pas son pays qui l’oblige à partir. Si elle restait ici elle devrait aller, sans espoir, au bout de sa maladie et de sa déchéance.

Elle est calme et ressent une sorte de bonheur. Elle a choisi, quand elle le pouvait encore, qu’elle avait un jugement sain et encore des forces, d’aller en Belgique. Là -bas elle partira avant que son corps soit complètement encerclé par le mal. Avant que la douleur la consume et l’anéantisse.

Elle vit seule et, si elle n’avait rien fait, ici elle finirait sa vie, inerte au fond d’un lit, dans un coma chimique. Et cela durerait tant que son cœur tiendrait.

Là-bas, elle sera toujours seule, mais son cœur ne s’épuisera pas à vouloir relancer, pendant des jours interminables, une machine cassée et brulante.

Elle sourit, elle n’aurait jamais pensé que la souffrance serait sa dernière amie, celle qui allait lui tenir la main et l’aider à quitter, sans regret, cette vie qu’elle aimait tant.

Au loin le soleil se couche.

Ils arrivent.

Bientôt la nuit, sa nuit, sera là.

Nitou

bottom of page